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ernst jünger

  • Gabriele Adinolfi : « Imperium »

    667135610.jpgL’Imperium n’était pas seulement la source et l’attribut du commandement militaire, mais également une prérogative « axiale », comme l’épée, le faisceau, le sceptre, qui, en tant que telle, représentait l’axe du monde. Lequel fut originairement associé au Licteur, dans l’ancienne Rome monarchique, quand assumer la Royauté signifiait avant tout être Rex et Pontifex, et, par conséquent, servir de « pont » entre le monde visible et le monde invisible, et, surtout, de pôle de stabilité.

    Celui qui était investi de l’Imperium, détenait un pouvoir lumineux qui, comme l’explique Mario Polia, résumant Julius Evola, « permet que choses et événements passent de la sphère du possible à celle de l’existence réelle, qu’il s’agisse de la victoire au combat ou de la fécondité, de la santé ou de la succession ordonnée des cycles saisonniers. »

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  • Ernst Jünger : « Fraternité d'armes »

    ernst jüngerCes hommes, dont l'existence dans le langage de l'arrière était peinte en quelques mots, comme  « camaraderie » ou  « fraternité d'armes », n'avaient rien laissé derrière eux de ce qui faisait leur vie en temps de paix. Ils étaient les mêmes, transportés dans un autre pays, transposés dans une autre existence. Ils avaient donc aussi conservé ce sens particulier qui nous permet de percevoir le visage d'autrui, son sourire ou même le son de sa voix dans la nuit, et d'en déduire un rapport entre soi-même et l'autre.

    Professeurs et souffleurs de verre qui ensemble montaient la garde, cheminots, mécaniciens et étudiants réunis dans une patrouille, coiffeurs et paysans guettant l'attaque, assis côte à côte dans les galeries, soldats de corvée de transport de matériel, de retranchement ou de soupe, officiers et sous-officiers chuchotant dans les recoins obscurs de la tranchée – tous formaient une grande famille, où les choses n'allaient ni mieux ni plus mal, que dans n'importe quelle famille. Il y avait là de jeunes gars toujours joyeux, qu'on ne pouvait rencontrer sans rire ou sans leur adresser un mot cordial ; des natures de patriarche, la barbe longue et l'œil clair, qui savaient faire régner le respect autour d'eux et trouvaient en toute circonstance le mot juste ; des hommes du peuple robustes, d'un réalisme paisible et toujours prêts à vous aider ; d'insaisissables compères, qui disparaissaient durant les heures de travail dans des boyaux et des abris abandonnés pour fumer ou ronfler à leur aise, mais qui faisaient des miracles lors des repas et régnaient sur les heures de repos par leur verbe haut et l'aplomb de leur humour.

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  • Ernst Jünger : « Le Rebelle est l’individu concret »

    Junger.jpgLe Rebelle est l’individu concret, agissant dans le cas concret. Il n’a pas besoin de théories, de lois forgées par les juristes du parti, pour savoir où se trouve le droit. Il descend jusqu’aux sources de la moralité, que n’ont pas encore divisées les canaux des institutions. Tout y devient simple, s’il survit en lui quelque pureté.

    Nous avons vu que la grande surprise des forêts est la rencontre avec soi-même, le noyau inaltérable du moi, l’essence dont se nourrit le phénomène temporel et individuel. Cette rencontre, qui peut tout faire pour la guérison et le triomphe sur la crainte, tient aussi, en morale, le rang le plus haut. Car elle mène jusqu’à cette strate qui fonde toute vie sociale et contient depuis les origines toute communauté. Elle conduit vers cet homme en qui réside, en deçà de l’individuel, notre richesse première, et dont rayonnent les individuations.

    Cette zone a plus à nous offrir que la communion : là se trouve l’identité : ce dont le symbole de l’éternité donne le pressentiment.

    Le moi se reconnait en l’autre : il se conforme à la vieille formule : « Tu es celui-là ! » L’autre peut être la bien-aimée, ou encore le frère, le dolent, le dépourvu. Lui prêtant secours, le moi se fortifie par là même dans l’impérissable. Acte en lequel se confirme la structure morale du monde.

    Ce sont des faits d’expérience. On ne saurait compter, de nos jours, ceux qui ont dépassé les centres de l’enchaînement nihiliste, les lieux mortels du maelström. Ils savent qu’ailleurs le mécanisme dévoile de plus en plus clairement ses menaces ; l’homme se trouve au centre d’une grande machine, agencée de manière à le détruire. Ils ont aussi dû constater que tout rationalisme mène au mécanisme et tout mécanisme à la torture, comme à sa conséquence logique : ce qu’on ne voyait pas encore au XIXe siècle.

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    Ernst Jünger ─ Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts (1951)
    Édition du Seuil, 1986, p. 125-126.