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friedrich nietzsche

  • Interview avec Rémi Soulié et Françoise Bonardel : « Nietzsche, disciple de Dionysos »

    Avec Rémi Soulié nous abordons tout l'aspect dionysiaque de la philosophie de Friedrich Nietzsche, son actualité, ainsi que les concepts d'éternel retour, de volonté de puissance, de sagesse tragique, une improvisation libre sur cet esprit libre, sa vie et son œuvre ─ en tant que disciple de Dionysos.




    Françoise Bonardel nous parle de Nietzsche en tant que disciple de Dionysos, évoque les similitudes de la philosophie de Nietzsche avec la démarche alchimique, et l'actualité de sa vision dionysiaque du monde.


     

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    Site de Françoise Bonardel : www.francoise-bonardel.com
    Blog de Pierre Kerroc'h : www.vivezentransemutants.com

  • Friedrich Nietzsche : « Qu'est-ce qui est noble ? »

    Qu’est-ce qui est noble ? Que signifie aujourd’hui pour nous le mot « noble » ? À quoi devine-t-on, à quoi reconnaît-on, sous ce ciel noir et bas du règne de la plèbe qui commence, dans cette atmosphère qui rend toute chose opaque et pesante, à quoi reconnaît-on l’homme noble ? Ce ne sont pas les actes qui l’affirment, les actes sont toujours ambigus, toujours insondables ; ce ne sont pas non plus les « œuvres ». On trouve aujourd’hui, parmi les artistes et les savants, un grand nombre de ceux qui révèlent, par leurs œuvres, qu’un ardent désir les pousse vers ce qui est noble : mais ce besoin de noblesse même est profondément différent des besoins d’une âme noble, il est précisément chez eux le signe éloquent et dangereux de leur manque de noblesse. Ce ne sont pas les œuvres, c’est la foi qui décide ici, qui fixe le rang, pour reprendre une vieille formule religieuse dans un sens nouveau et plus profond : c’est une certaine connaissance foncière qu’une âme noble a d’elle-même, quelque chose qui ne se laisse ni chercher, ni trouver, et qui peut-être ne se laisse pas perdre non plus. L’âme noble a le respect de soi-même

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    Friedrich Nietzsche ─ Par-delà bien et mal (1886)
    Chapitre IX, 287.

  • Friedrich Nietzsche : « De l'amour du prochain »

    2571927859.jpgVous vous pressez contre votre prochain et vous avez de belles paroles pour parler de votre attitude. Mais je vous le dis : votre amour du prochain n’est que votre mauvais amour de vous-même.

    Vous vous fuyez en vous pressant contre votre prochain, et de cette fuite vous voudriez faire une vertu : mais je perce à jour votre oubli de soi.

    Le toi est plus ancien que le moi. Le toi est sanctifié, mais non encore le moi. C’est pourquoi l’homme se presse contre son prochain.

    Vous conseillerais-je l’amour du prochain ? Je préférerais vous conseiller de fuir le prochain et d’aimer le lointain.

    Plus haut que l’amour du prochain est l’amour du lointain et du futur. Et je place l’amour d’une cause ou d’un fantôme plus haut que l’amour des hommes.

    Ce fantôme qui marche devant toi, mon frère, est plus beau que toi ; pourquoi ne lui donnes-tu pas ta chair et tes os ? Mais tu as peur et tu cours vers ton prochain. Vous ne pouvez pas vous supporter et ne vous aimez pas assez. Alors vous voulez séduire l’amour de votre prochain et vous dorer de son erreur sur vous.

    Je voudrais que vous ne puissiez supporter tous les prochains et tous les voisins des prochains. Alors c’est en vous-mêmes que vous devriez créer votre ami et son cœur débordant.

    Vous invitez un témoin lorsque vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et lorsque vous l’avez induit à penser du bien de vous, vous avez une bonne opinion de vous.

    Ce n’est pas seulement celui qui parle contre ce qu’il sait qui ment, mais aussi celui qui parle contre ce qu’il ne sait pas. Vous parlez de vous dans vos relations et trompez votre voisin sur vous-mêmes.

    Ainsi parle le fou : « La fréquentation des hommes corrompt le caractère surtout lorsque l’on n’en a pas. »

    L’un va à son prochain parce qu’il se cherche, et l’autre parce qu’il veut s’oublier. Votre mauvais amour de vous-mêmes fait de la solitude une prison.

    Les hommes lointains sont ceux qui payent pour votre amour du prochain. Et dès que vous êtes rassemblés à cinq, un sixième doit mourir.

    Je n’aime pas vos fêtes : j’y trouve trop de comédiens ; et les spectateurs aussi s’y comportent souvent comme des comédiens.

    Je ne vous enseigne pas le prochain, mais l’ami. Que l’ami vous soit une fête de la terre et le pressentiment du Surhomme.

    Je vous enseigne l’ami et son cœur débordant. Mais il faut savoir être une éponge lorsqu’on veut être aimé par des cœurs débordants.

    Je vous enseigne l’ami qui porte en lui un monde accompli, une coupe du bien, l’ami créateur qui a toujours un monde accompli à offrir.

    Et s’il voit son monde tomber en morceaux, il le voit aussitôt se regrouper en cycles, comme le devenir du bien à travers le mal, le devenir du but à travers le hasard.

    Que l’avenir et le plus lointain soient les causes de ton présent : dans ton ami tu dois aimer le Surhomme comme ta propre cause.

    Mes frères, je ne vous conseille pas l’amour du prochain ; je vous conseille l’amour du lointain.

    Ainsi parlait Zarathoustra.

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    Friedrich Nietzsche ─ Ainsi parlait Zarathoustra (1885)
    Éditions du Labyrinthe, trad. Robert Dun, 1983 ; 2° édition, AHE, 1988.

  • Friedrich Nietzsche : « Le dernier homme »

    Lecture audio :



    Texte :

    original_289.jpgJ'aime tous ceux qui sont comme de lourdes gouttes qui tombent une à une du sombre nuage suspendu sur les hommes : elles annoncent l'éclair qui vient, et disparaissent en visionnaires.

    Voici, je suis un visionnaire de la foudre, une lourde goutte qui tombe de la nue : mais cette foudre s'appelle le Surhumain.

    Quand Zarathoustra eut dit ces mots, il considéra de nouveau le peuple et se tut, puis il dit à son cœur : « Les voilà qui se mettent à rire ; ils ne me comprennent point, je ne suis pas la bouche qu'il faut à ces oreilles.

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  • Friedrich Nietzsche : L’universelle dégénérescence de l’homme

    Lecture audio :



    Texte :

    202.

    2571927859.jpgRépétons ici, encore une fois, ce que nous avons déjà dit à cent reprises : car aujourd’hui les oreilles n’entendent pas volontiers de telles vérités — nos vérités. Nous savons assez combien cela passe pour une injure lorsque quelqu’un, sans fard ni symbole, compte l’homme parmi les animaux ; mais on nous en fait presque un crime, d’employer constamment, précisément à l’égard de l’homme des « idées modernes », les termes de « troupeau » et d’« instinct de troupeau » et d’autres expressions semblables. Qu’importe ! nous ne pouvons faire autrement ; car c’est là justement que sont nos vues nouvelles. Nous avons trouvé que, dans les principaux jugements moraux, l’unanimité règne en Europe et dans les pays soumis à l’influence européenne : on sait évidemment en Europe ce que Socrate confessait ne pas savoir et ce que l’antique et fameux serpent entendait enseigner, — on sait aujourd’hui ce qui est bien et ce qui est mal. Eh bien ! notre insistance à répéter ces choses doit paraître dure à l’oreille et difficile à comprendre : c’est l’instinct de l’homme de troupeau qui croit savoir ici, qui se glorifie lui-même par ses blâmes et ses éloges et s’approuve lui-même.

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