Si l’on met de côté toutes les implications politiques que recouvre ce terme, le « conservateur » est d’abord quelqu’un qui s’efforce de « conserver ». Pour déterminer si une telle attitude est juste ou erronée, il suffit de considérer ce que l’on cherche à conserver. Si les structures sociales que l’on défend — et du reste c’est toujours de cela qu’il s’agit — sont en conformité avec la finalité la plus haute de la vie humaine, et correspondent aux besoins profonds de l’homme, pourquoi ces structures sociales ne seraient-elles pas aussi bonnes, voire meilleures, que toutes les innovations que le cours du temps peut apporter ? Il paraît normal de suivre un tel raisonnement, mais l’homme contemporain ne raisonne plus normalement. Même lorsqu’il ne méprise pas systématiquement le passé et qu’il ne place pas toute son espérance dans le seul progrès technique pour améliorer le sort de l’humanité, il a généralement un préjugé contre toute attitude conservatrice. Car en fait, que ce soit chez lui conscient ou pas, il est influencé par la thèse matérialiste selon laquelle toute forme de « conservatisme » va à l’en-contre du principe de changement inhérent à la vie, et conduit de ce fait à la « stagnation ».
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Julius Evola : « Se donner une loi à soi même »
Tous les traits positifs de la voie du surhomme se rattachent à ce second aspect : le pouvoir de se donner une loi à soi même, le « pouvoir de dire non, de ne pas agir, quand on est poussé par une force prodigieuse, par une énorme tension vers le oui » ; l’ascèse naturelle et libre qui s’applique à éprouver ses propres forces en jugeant « la puissance d’une volonté au degré de résistance, de douleur, de tourment qu’elle peut supporter pour les tourner à son avantage » (si bien que de ce point de vue tout ce que l’existence offre de mauvais, de douloureux, de problématique, tout ce qui nourri les formes populaires des religions sotériologiques, est accepté et même désiré) ; avoir pour principe de ne pas obéir aux passions, mais de les tenir en laisse (« la grandeur de caractère ne consiste pas à ne pas avoir de passions – il faut les avoir au plus haut degré, mais les tenir en laisse, et sans que cette domination soit une source de joie particulière, avec simplicité ») ; l’idée que « l’homme supérieur se distingue de l’inférieur par son intrépidité, son défi au malheur » (« c’est un signe de régression quand les valeurs eudémonistes commencent à être considérées comme les plus hautes ») ; et répondre, stupéfait, à ceux qui montrent « le chemin de la félicité » pour inciter l’homme à se conduire de telle ou telle manière : « Mais que nous importe à nous le bonheur ? » ; reconnaître qu’un des moyens par lesquels se conserve une espèce humaine supérieure consiste « à s’arroger le droit à des actes exceptionnels vécus comme des tentatives de victoire sur soi-même et des actes de liberté… à s’assurer, par une espèce d’ascèse, une prépondérance et une certitude quant à sa propre force de volonté » sans fuir aucune sorte de privation ; affirmer la liberté qui consiste à « maintenir la distance qui nous sépare, être impassible devant les peines, les duretés de l’existence, les privations, la vie même », le type le plus élevé d’homme libre étant représenté par « celui qui surmonte constamment les plus fortes résistances… le grand péril faisant de lui un être digne de vénération » ; dénoncer la néfaste confusion entre discipline et aveulissement (le but de la discipline ne peut être qu’une force plus grande – « celui qui ne domine pas est faible, dissipé, inconstant ») et tenir pour certain que « la dissolution n’est un argument que contre celui qui n’y a pas droit et que toutes les passions ont été discréditées par la faute de ceux qui n’étaient pas assez fort pour les tourner à leur avantage » ; montrer la voie de ceux qui, libres de tout lien, n’obéissent qu’à leur seule loi, adhèrent inflexiblement à celle-ci et sont au-dessus de toute faiblesse humaine ; enfin tout ce qui fait que le surhomme n’est pas la « blonde bête de proie », ni l’héritier d’une équivoque virtus de despotes de la Renaissance, mais est aussi capable de générosité, de promptitude à accorder une aide virile, de « vertu donatrice », de grandeur d’âme, de surpassement de sa propre individualité – tout cela représente un ensemble d’éléments positifs que l’homme de la Tradition aussi peut faire siens mais qui ne s’expliquent et ne sont tels qu’à la condition d’être rapportés, non à la vie, mais au « plus-que-vie », à la transcendance ; ce sont des valeurs qui ne peuvent attirer que les hommes portant en eux quelque chose d’autre et de plus que la simple « vie ».
Julius Evola ─ Chevaucher le tigre (1964)
Chapitre II : Dans le monde où Dieu est mort
Extrait in 8. La dimension de la transcendance. « Vie » et « plus-que-vie »
Édition Guy Trédaniel, 1982, p. 64-65Catégories : Métaphysique, Tradition 0 commentaire -
Think Tank EurHope : « Une autre Europe est impérative »
Agir contre l’homologation technocratique et la dictature financière.
Les terrains du combat pour la cause des peuples et pour l'authentique idéal européen.
Le Projet Lansquenet procède jour après jour, constituant un réseau en évolution permanente dans les domaines politiques, métapolitiques, économiques et sociales...Son promoteur, Gabriele Adinolfi, en a parlé le samedi 17 juin à Paris accompagné de plusieurs autres acteurs français, italiens, grecs, flamands, espagnols et hongrois autour du thème :
« Une avant-garde en Europe, ses résultats et ses objectifs »
Catégories : Europe, Métapolitique, Vidéos 0 commentaire -
Robert Steuckers : « Les iconoclastes, de Cromwell à Daech »
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