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dieux

  • Luc-Olivier d'Algange : « Des héros et des dieux »

    3545932214.jpgToute science politique qui s'écarte ostensiblement de l'humanitas suscite en nous une juste aversion. Nous redoutons et nous repoussons les théories dont nous devinons qu'elles peuvent abonder dans le sens de la barbarie. Mais sommes-nous pour autant à même de comprendre ce qu'est au juste cette humanitas dont nous nous réclamons ? Pourrons-nous encore longtemps tirer les conséquences d'une idée dont l'origine s'assombrit dans un oubli de plus en plus profond ? Que savons-nous, par exemple, du dessein de la Grèce archaïque et classique qui fut à l'origine des sciences et des arts que l'on associe habituellement à la notion d'humanitas ?

    Il est fort probable que cette notion d'humanitas, telle qu'elle fut comprise autrefois diffère bien davantage encore que nous ne pouvons l'imaginer de l'humanité, de l'humanitarisme voire de l'humanisme tels que nous les envisageons depuis deux siècles. Peut-être même notre « humanité » est-elle devenue plus étrangère à l'humanitas que ne le sont aux modernes occidentaux les chamanismes et les rites archaïques des peuplades étrangères. La médiocrité à laquelle nous consentons, le dédain que nous affichons à l'égard de notre littérature, de notre philosophie et de notre style, ne sont-ils point le signe d'une incompétence croissante à faire nôtre une notion telle que l'humanitas ? Quelques-uns d'entre nous, certes, font encore leurs humanités, d'autres entreprennent de louables actions « humanitaires » mais il n'est pas certain que les uns et les autres fussent encore fidèles, si peu que ce soit à l'humanitas.

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  • Collin Cleary : « Comment invoquer les dieux »

    Arrêtons-nous et examinons à quels moments ─ à quelles occasions nous avons le sentiment de la réalité de ce qui est autre. Les meilleurs exemples sont quand les choses tombent en panne ou trompent nos attentes d'une façon ou d'une autre. C'est ainsi que Heidegger approche la question. Nous montons dans notre voiture pour commencer une journée chargée, faire des affaires et faire les courses ─ et nous découvrons qu'elle ne démarre pas. Mon expérience de telles situations est qu'il y a d'abord un sentiment de quasi « irréalité ». Nous avons envie de dire (et nous disons souvent) : « Je ne peux pas y croire ». Et soudain l'être de cette concaténation de métal et de plastique nous confronte à toute sa facticité frustrante. Une situation encore pire survient quand le corps tombe malade, quand soudain il ne fonctionne pas comme nous l'attendons. Le corps nous semble alors être un simple autre. Ces deux situations, et toutes les autres comme elles, sont des occasions où une chose qui a été prise comme allant de soi semble soudain s'affirmer toute seule. Ce qui avait été regardé comme un simple instrument, comme une extension de la volonté humaine, devient un être en soi. Le résultat est de la frustration, de l'étonnement, de la fureur, et quelque chose comme du respect.

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  • Collin Cleary : « La réalisation de l'ouverture »

    C'est seulement en surmontant ce qui nous a dépouillé de l'ouverture que nous pouvons espérer la restaurer. Il s'ensuit qu'il est nécessaire de critiquer la modernité ─ de critiquer la totalité de nos idéaux modernes, valeurs, modes de pensée, et manières de nous orienter dans le monde. Et nous devons savoir d'où ceux-ci sont venus ─ comment la modernité en est venue à exister. Ceci requiert une connaissance de l'histoire, et en particulier de l'histoire intellectuelle. Quelqu'un pourrait remarquer que ce point de vue « critique » est essentiellement moderne. Cela est vrai ─ mais ici nous devons retenir la leçon de Julius Evola, et « chevaucher le tigre ». Dans le Kali Yuga, dans la période finale, il est permis d'utiliser même des formes de décadence comme moyens de transcender la décadence moderne elle-même.

    Tous nos efforts pour expliquer ce que les dieux sont « réellement », ou ce que nos ancêtres connaissaient « réellement », sont entièrement modernes. Cela fait partie de la mentalité moderne affirmant que tout peut être expliqué, que tout est pénétrable et connaissable. Les dieux se manifestent à nous, cependant, dans notre expérience de la facticité brute de l'existence même ─, dans notre émerveillement que ce monde, et tout ce qui est en lui, existe et est de la manière qu'il est. Si une chose est de la manière qu'elle est, aucune « explication » de cela ne peut effacer notre émerveillement devant le simple fait que cette chose doit exister (les scientifiques, par exemple, nous disent que c'est la chlorophylle qui rend la forêt verte ─ mais le fait qu'il existe une telle substance, qui produit une beauté aussi incomparable, est une occasion d'émerveillement, et l'intuition d'un dieu). Les dieux se trouvent aux limites extérieures de notre perception de la réalité, définissant le réel pour nous. L'explication prend place seulement à l'intérieur de ces limites.

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