Le domaine politico-social est celui où, par suite de l'action des processus généraux de dissolution, apparaît aujourd'hui d'une façon particulièrement manifeste l'absence de toute structure possédant, du fait de son rattachement à des significations supérieures, la marque d'une véritable légitimité.
Étant donné cet état de fait, qu'il faut reconnaître ouvertement, le type d'homme qui nous intéresse ne peut pas ne pas régler son comportement sur des principes totalement différents de ceux qui seraient les siens dans la vie en société si le milieu était autre.
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Julius Evola : « États et partis. “L'apoliteia” »
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Julius Evola : « La doctrine aryenne du combat et de la victoire »
« Le déclin de l'Occident », selon la conception de son auteur, est reconnaissable à deux caractéristiques importantes : en premier lieu, le développement pathologique de tout ce qui est activisme ; en second lieu le mépris des valeurs de la connaissance intérieure et de la contemplation.
Par connaissance, ce critique n'entend pas rationalisme, intellectualisme ou jeux prétentieux de lettrés ; par contemplation, il n'entend pas séparation du monde, renoncement ou détachement monacal mal compris. Bien au contraire, connaissance intérieure et contemplation représentent les formes les plus normales et les mieux appropriés de la participation de l'homme à la réalité supranaturelle, suprahumaine et suprarationnelle. En dépit de cet éclaircissement, à la base de cette conception, il y a une prémisse inacceptable pour nous. Car il est tacitement sous-entendu que toute action dans le domaine matériel est limitante et que la plus haute spiritualité n'est accessible que par des voies autres que l'action.
Ce point de vue est influencé par une conception de la vie, essentiellement étrangère à l'esprit aryen, pourtant si profondément enraciné dans le mode de penser de l'Occident christianisé qu'on le retrouve jusque dans la conception impériale dantesque. L'opposition entre action et contemplation était totalement inconnue des anciens Aryens. Action et contemplation n'étaient pas conçues comme les deux termes d'une opposition. Elles désignaient seulement deux voies distinctes pour la même réalisation spirituelle. En d'autres mots, on pensait que l'homme pouvait dépasser le conditionnement individuel et participer à la réalité supranaturelle non seulement à travers la contemplation, mais aussi à travers l'action.Catégories : Culture, Europe, Métaphysique, Tradition 0 commentaire -
Julius Evola : « Sur les conditions spirituelles et structurelles de l'unité européenne »
A l'heure actuelle, par la force même des choses, la nécessité d'une unité finit par s'imposer sur notre continent. Mais, jusqu'à présent, ce sont surtout des facteurs négatifs qui sont venus l'alimenter : on veut s'unir pour se défendre, et ce qui entre en jeu n'est pas une motivation positive ou préexistante, mais bien plutôt le constat que l'on n'a quasiment pas d'autre choix devant la pression menaçante de blocs et d'intérêts extra-européens. Cette situation fait que l'on a pas une vision bien claire de la configuration interne d'une véritable unité européenne. Pour l'instant, il semble qu'on ne dépasse guère le projet d'une coalition ou fédération qui, en tant que telle, aura toujours un caractère extrinsèque, d'ordre non organique mais associatif et, par conséquent, contingent. On pourrait toutefois concevoir une unité vraiment organique, mais seulement sur la base de la force formatrice, à la fois interne et venir d'en haut, propre à une idée, à une culture et à une tradition commune. Or, quiconque désire aborder le problème européen en ces termes ne peut manquer de voir combien la situation actuelle est défavorable et combien de facteurs problématiques nous interdisent de nous bercer d'un optimisme facile.
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Arnaud Guyot-Jeannin : « Julius Evola : Un portrait politique »
Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Arnaud Guyot-Jeannin (journaliste et essayiste).
« Pour Evola l'idéal type, encore une fois c'est l'Empire.
Alors ce n'est pas l'Empire de l'Union Européenne ni la Commission de Bruxelles, ça n'est pas un fédéralisme européen synarchique, technocratique, expertocratique, qui serait véritablement aux antipodes d'une conception spirituelle élevée, politique de l'Empire tel que Evola l'a souhaité.
En revanche on peut poser la question, peut-être que la thématique impériale d'Evola n'est pas si nostalgique, n'est pas si inactive que ça, dans la mesure où l'Empire Européen légitimé par une spiritualité, une transcendance, devra bien un jour aboutir si l'on veut sortir du schéma traditionnel d'un impérialisme américano-occidental étouffant ou d'un islamo-salafisme wahhabite tout aussi étouffant. L'Empire Européen devra peut-être trouver par le principe de subsidiarité [...], essayer de composer un peuple qui soit à la fois homogène dans son unité, et hétérogène dans sa différence.
Donc l'Empire Européen qu'Evola appelle de ses vœux contre l'Empire marchand bruxellois, ou contre la forme la plus totalitaire déchainé du marché, sont à mon avis des pistes qui sont encore aujourd'hui d'actualité. »
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Valérien Cantelmo : « Retour sur "Impérialisme Païen" de Julius Evola »
Si l’œuvre de Julius Evola (1898-1974) et sa conception on-ne-peut-plus aristocratique de l’existence ont été largement diffusés en France depuis le gros travail de traduction entrepris par Philippe Baillet et si le Baron est aujourd’hui encore considéré comme l’une des figures de référence de la dissidence européenne, force est de constater que sa pensée n’est finalement connue qu’à travers un nombre très restreint de titres. L’exclamation « révolte contre le monde moderne » est devenue le cri de ralliement de la pensée réactionnaire tandis que l’image d’un homme chevauchant un tigre ou se tenant debout parmi les ruines incarne l’idée de résistance spirituelle face à la déferlante matérialiste et à la régression anthropologique promues par notre époque (en référence à son œuvre majeure : Révolte contre le Monde Moderne (1934) ainsi qu’à deux de ses plus connues : Les Hommes au Milieu des Ruines (1953) et Chevaucher le Tigre (1961). Pourtant l’originalité de la pensée de Julius Evola et la bouffée d’air frais que celle-ci apporte à la platitude et au néant culturel ambiants méritent que l’on s’attarde également sur certains de ses ouvrages considérés comme secondaires, ou en tout cas caractéristiques d’une période antérieure à la complète maturation « idéologique » du penseur italien.
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Julius Evola : « Double aspect de l'anonymat »
[...] Nous examinerons maintenant le problème de la personnalité et de l'individu dans le monde contemporain.
Nombreux sont ceux qui déplorent aujourd'hui la « crise de la personnalité », et celui qui se pose encore en défenseur de la civilisation occidentale en appelle souvent aux « valeurs de la personnalité », qu'il considère comme un élément tout à fait essentiel de la tradition européenne.
Un problème se pose donc et il ne suffit pas, pour l'éclaircir, de s'en tenir aux arnaques faciles contre le collectivisme, la mécanisation, la standardisation, et la « désanimation » de l'existence moderne. Il faudrait, en outre, préciser clairement ce qui doit être sauvé. Mais les intellectuels qui prennent aujourd'hui à cœur la « défense de la personnalité » n'apportent aucune réponse satisfaisante à cette question parce qu'ils en restent à ce que nous avons déjà appelé le régime des formes résiduelles et continuent, presque sans exception, à penser et à juger selon les catégories du libéralisme, du droit naturel ou de l'humanisme.Catégories : Modernité, Philosophie, Tradition 0 commentaire -
Julius Evola : « L'action sans désir. La loi causale »
Il faut maintenant porter notre attention sur un aspect particulier de l'attitude que nous examinons ici, aspect qui peut s'appliquer à un domaine plus large et qui n'est pas nécessairement exceptionnel : le domaine de la vie active, entendu comme celui des œuvres, des activités et des réalisations dont l'individu prend délibérément l'initiative. Il ne s'agit plus ici de la simple expérience vécue, mais de processus ordonnées en vue d'une fin. La conformation de notre type d'homme, telle que nous l'avons décrite, doit aboutir, dans ce domaine, à une orientation dont le monde de la Tradition avait déjà résumé l'essence dans deux maximes fondamentales. La première de ces maximes dit qu'il faut agir sans avoir égard aux fruits, sans tenir pour déterminantes les perspectives de succès ou d'insuccès, de victoire ou de défaite, de gain ou de perte, non plus que celles de plaisir ou de douleur, d'approbation ou de désapprobation d'autrui.
On a appelé aussi cette force d'action, l' « action sans désir », et la dimension supérieure, dont on suppose la présence en soi, s'y affirme dans la capacité d'agir avec une application, non pas moindre, mais au contraire plus grande que celle dont peut faire preuve un type d'homme différent dans les formes ordinaires de l'action conditionnée. On peut encore parler ici de « faire ce qui doit être fait », de façon impersonnelle. La coexistence des deux principes, qui est nécessaire pour cela, apparaît encore plus nettement dans la seconde des deux maximes traditionnelles dont nous venons de parler : « agir sans agir ». C'est une manière paradoxale, extrême-orientale, d'indiquer une forme d'action qui n’entraîne ni ne « meut » le principe supérieur, l' « être » en soi, qui reste pourtant le vrai sujet de l'action, celui à qui elle doit sa force motrice primaire et qui la soutient et la guide du début à la fin.Catégories : Métaphysique, Nihilisme, Philosophie, Tradition 0 commentaire