Quiconque en est arrivé à rejeter le mythe rationaliste du «progrès» et de l'interprétation de l'histoire comme un développement positif ininterrompu de l'humanité se trouvera lui-même graduellement conduit vers la vision-du-monde qui était commune à toutes les grandes cultures traditionnelles, et qui a en son centre la mémoire d'un processus de dégénérescence, d'un lent obscurcissement, ou de la chute d'un monde antérieur plus élevé. Si nous pénétrons plus profondément à l'intérieur de cette nouvelle (et ancienne) interprétation, nous rencontrons des problèmes variés, parmi lesquels le principal est le secret de la dégénérescence.
Dans son sens littéral, cette question n'est en aucune manière une nouveauté. Si l'on contemple les magnifiques vestiges de cultures dont le nom même n'est pas parvenu jusqu'à nous, mais qui semblent avoir porté, même dans leurs aspects matériels, une grandeur et une puissance plus que terrestres, on peut difficilement éviter de se poser des questions sur la mort des cultures, et de sentir l'insuffisance des raisons qui sont habituellement données comme explications.