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Dominique Venner : « Bushido et Hagakure »

1649674652.jpgAu XVIIe siècle japonais, qui ouvrit la période Edo, les shoguns Tokugawa avaient imposé à l'intérieur de l'empire nippon une paix civile faisant disparaitre les guerres incessantes entre daimyo. Cette pacification rendait inutile l'entretien de nombreuses armées de samouraïs. Ceux qui étaient privés d'emploi furent réduits à l'état de ronins déclassés. C'est au cours de cette période critique que Yamaga Soko formula le Bushido ou « voie du guerrier ». Plutôt qu'un « code », le Bushido est un ensemble de préceptes. Un code implique des règles figées, alors que le do, la « voie », est une éthique de vie, une école du comportement.

Le Bushido est en accord intime avec les trois sources spirituelles du japon, shintoïsme, bouddhisme zen et confucianisme. Il se nourrit de l’immense du shinto, religion panthéiste affranchie de toute idée d'au-delà qui associe le culte des ancêtres à celui de la nature. Le Bushido s'en inspire, cultivant aussi la vertu bouddhiste du détachement et de l'oubli de soi. Mais il s'agit d'un bouddhisme nipponisé, débarrassé de la non-violence, amendé par la sagesse du zen qui enseigne la domination de soi par la pratique d'une « voie », en l’occurrence celle des divers arts martiaux. Enfin, la troisième source, le confucianisme, est une sagesse se rapportant à la vie sociale. Outre la politesse, il enseigne que chacun doit assumer des devoirs en proportion de sa position dans la hiérarchie.

Au cours de ses longues années de formation, le futur samouraï se transforme. Il se délivre de la crainte de la mort, ultime secret de l'art du sabre. « Je découvris que la Voie du samouraï c'est la mort », écrit Jôchô Yamamoto dans le Hagakuré, traité de savoir-vivre rédigé au XVIIe siècle à l'usage des bushi. « Si tu es tenu de choisir entre la mort et la vie, choisi sans hésiter la mort. Rien n'est plus simple. Rassemble ton courage et agis. A en croire certains, mourir sans avoir accompli sa mission, ce serait mourir en vain. C'est là une contrefaçon de l'éthique samouraï. Tous, nous préférons vivre. Rien que de plus naturel, donc, que de chercher une excuse pour survivre. Mais celui qui choisit de continuer à vivre alors qu'il a failli à sa mission, celui-là encourra le mépris qui va aux lâches et aux misérables. » Et Yamamoto insiste: « Il est nécessaire de se préparer à la mort matin et soir et jour après jour. » Ainsi échappe-t-on à l'angoisse de vivre et à la peur de mourir.

Si l'emblème des samouraïs est la fleur de cerise qui tombe avant d'être fanée, ce n'est pas un hasard. « Comme dans un rayon de soleil matinal, le pétale d'une fleur de cerisier se détache, ainsi l'homme impavide doit pouvoir se détacher de l’existence, silencieusement et d'un cœur que rien n'agite. »

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Dominique Venner Un samouraï d'Occident. Le bréviaire des insoumis, 2013
Éditions Pierre-Guillaume De Roux

Bushido et Hagakure, p. 110-120.

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