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  • Charles Robin : Langage et Pouvoir

    Examen synthétique des processus de domination idéologique par le langage.

     * * *

    charles robin« "Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées [...]. Le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n’y a plus, dès maintenant, c’est certain, d’excuse ou de raison au crime par la pensée. C’est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. [...] Vers 2050, plus tôt probablement, toute connaissance de l’ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n’existeront plus qu’en versions novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils étaient jusque-là. Même la littérature du Parti changera. Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme « La liberté c’est l’esclavage » alors que le concept même de la liberté aura été aboli ? [...] En fait, il n’y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. Orthodoxie signifie non-pensant, qui n’a pas besoin de pensée, l’orthodoxie, c’est l’inconscience." » 

    charles robin

     Georges Orwell ─ 1984, (1949)
    Première Partie | Chapitre V
    Édition folio, 2011, p. 74-75.

  • Guido De Giorgio : « Quand les tours s’effondrent »

    GuidoDiGiorgio.jpgLe Vieux de la Montagne se réveilla : il regarda la plaine et la fièvre de la plaine, parcourant des yeux tours et pinacles, traça sur la terre sèche un signe étrange, et parla ainsi dans la nuit :

    Comme une fausse trêve dans une fausse nuit, ainsi dans cette longue agonie séculaire les constructeurs de tours font des nids au vent de leur bêtise : mais à chaque souffle de tourmente nouvelle, les tours s’écroulent. Les tours s’effondrent, ô constructeurs de tours.

    Depuis des siècles vous tissez la tromperie, votre tromperie, ô constructeurs de tours ; et les siècles vous dévorent ; au fond des siècles en vérité, dans l’invisible désert qui se déroule parallèlement à votre cheminement corrompu et titubant, il y a l’éternité, constructeurs de tours, ô constructeurs de tours.

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