Le principe général, auquel il serait possible d'en appeler pour justifier la guerre sur le plan de l'humain, c'est « l'héroïsme ». La guerre – dit-on – offre à l'homme l'occasion de réveiller le héros qui sommeille en lui. Elle casse la routine de la vie commode, et, à travers les épreuves les plus dures, favorise une connaissance transfigurante de la vie en fonction de la mort. L'instant où l'individu doit se comporter en héros, fut-il le dernier de sa vie terrestre, pèse, infiniment plus dans la balance que toute sa vie vécue monotonement dans l'agitation des villes. C'est ce qui compense, en termes spirituels, les aspects négatifs et destructifs de la guerre que le matérialisme pacifiste met, unilatéralement et tendancieusement, en évidence. La guerre, en posant et faisant réaliser la relativité de la vie humaine, en posant et faisant aussi réaliser le droit d'un « plus que la vie », a toujours une valeur anti-matérialiste et spirituelle.
Ces considérations ont un poids indiscutable et coupent court à tous les bavardages de l'humanitarisme, aux pleurnicheries sentimentales et aux protestations des paladins des « principes immortels » et de l'Internationale des héros de la plume.
Julius Evola – Métaphysique de la guerre
Édition Arché, 1980.